Financement de l’état islamique : Enfin une réaction
globale?
C’est une annonce qui n’est pas passée inaperçue : le 18 novembre dernier, le
président russe Vladimir Poutine a indiqué la création d’une commission spéciale
chargée de combattre le financement du terrorisme dans le cadre du renforcement de
la lutte contre l’organisation terroriste Daech.
Il s’agit là d’un tournant après plusieurs années d’attentisme de la part de la
communauté internationale. Profitant du chaos de la guerre civile Syrienne, Daech
s’est développé au fil des ans dans l’indifférence générale. Après 4 ans d’existence, le
groupe compte aujourd’hui 25 000 personnes dans ses rangs et s’appuie sur une
logistique et une organisation dignes d’un véritable état. Son budget avoisine les deux
milliards de dollars et pause la question de son financement : comment l’entreprise
terroriste la plus importante du monde peut-elle rassembler de telles sommes d’argent
? Les raisons sont multiples :
Tout d’abord, Daech occupe un des territoires les plus pétrolifères de la planète
et son exploitation lui permet d’engranger quelques 700 millions de dollars de bénéfice
par an grâce au marché noir. Des colonnes de camions se dirigent chaque jour vers
la Turquie et le Kurdistan avec des centaines de barils de pétrole vendus 70% moins
cher qu’au prix du marché officiel.
Par ailleurs, Daech profite également du soutien des pays Sunnites du Golfe,
et en particulier du Qatar qui voit en cette organisation un moyen de renverser le
pouvoir Chiite en place en Irak et en Syrie. En effet, la rivalité entre les deux branches
de l’Islam s’est amplifiée ces dernières années suite à l’invasion de l’Irak par les USA
qui a conduit à la mise en place d’un gouvernement Chiite et à la mise au banc de la
population Sunnite. Se référant au troisième pilier de l’Islam portant sur l’aumône,
certains pays comme le Qatar effectuent ainsi des millions de dollars de dons à des
ONG de façade afin de subventionner Daech indirectement. Il profite ainsi de la
négligence en matière de contrôle des banques locales qui ferment facilement les yeux
sur le caractère illégal de certaines donations.
Enfin, Daech possède d’autres voies de financement assez variées : Vente
d’objets archéologiques au marché noir (le territoire contrôlé par les terroristes
comprend de nombreux sites historiques comme les ruines de Palmyre), le trafic du
Captagon, drogue très répandue au Moyen-Orient, mais aussi les enlèvements
d’occidentaux, le trafic d’organes et la vente d’esclaves notamment.
Daech constitue donc aujourd’hui une organisation complexe et à la lumière des
éléments présentés ci-dessus, il parait légitime de s’interroger sur la pertinence des
réactions militaires occidentales suite aux tragiques évènements de Paris en
novembre dernier. En effet, la part de l’émotion dans l’engagement de troupes pour
combattre cette organisation semble très importante. Par ailleurs, beaucoup reste à
faire sur le plan de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme. En
effet, même des pays participants au G20 soutiennent financièrement Daech a
récemment affirmé Vladimir Poutine. La guerre contre Daech ne se gagnera pas
qu’avec les armes.
Titouan Garnerin
Martin Hedon
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http://www.mil21.es/noticia/173/3-guerra-mundial/asi-se-financia-el-estado-
islamico:-donaciones-del-golfo-petroleo-narcotrafico-trafico-de-organos-arte-
secuestros.html
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http://www.elpais.com.uy/mundo/putin-varios-paises-g20-financian-ei.html
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http://elcomercio.pe/mundo/actualidad/posible-cortar-financiamiento-estado-
islamico-noticia-1859404
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