35 ans. C’est le temps qu’aura duré la politique de l’enfant unique en Chine, loi très controversée qui obligeait l’Empire du Milieu à se restreindre à un seul enfant par famille.
L’agence de presse Xinhua a annoncé le 29 octobre 2015 que le gouvernement chinois, le Parti Communiste de Chine, en avait décidé ainsi lors de la réunion de préparation du 13ème Plan Quinquennal. Pendant 4 jours de réunions, les 205 membres du Parti et leurs 170 suppléants ont établi les grandes lignes de la politique économique et sociale du pays pour la période 2016-2020 à venir.
Les couples chinois pourront désormais avoir un deuxième enfant. La Chine, qui a connu ces dernières décennies un développement économique jamais vu, est aujourd’hui face à deux problèmes majeurs : non seulement elle connaît un déséquilibre de genre dangereux, avec une proportion de 116 hommes pour seulement 100 femmes, mais aussi sa population est de plus en plus vieillissante. Et ces deux problèmes résultent directement de la politique de l’enfant unique, instaurée en 1979 dans une tentative de freiner la croissance de la population. Depuis 2012, la population en âge de travailler diminue, et cette tendance ne cesse de croître. L’abondante main-d’œuvre qui a contribué à développer la Chine s’apprête à devenir une immense nation de seniors, à charge de la nouvelle génération. Parmi ces jeunes, 30 millions d’hommes ne trouveraient pas d’épouse. Ce déséquilibre s’explique par la volonté de certains couples chinois, qui préféraient se séparer de leur fille dans l’espoir que leur prochain enfant à naître serait un fils, assurant ainsi une certaine sécurité pour les parents vieillissant.
Depuis son instauration en 1979, la politique de l’enfant unique a en effet généré de nombreuses violences envers les familles et les femmes : fortes amendes dans les meilleurs des cas ; avortements forcés, stérilisations et infanticides dans les pires. Les prémices de l’abandon de la loi étaient néanmoins apparues en 2013, lorsqu’il est devenu possible pour un couple d’avoir un deuxième enfant à condition qu’un des deux parents était enfant unique. Il était aussi permis pour les 55 minorités ethniques du pays d’avoir deux enfants, de même pour les familles rurales dont le premier enfant était une fille. L’abolition totale de cette politique, est saluée unanimement par les Chinois. « C’est très bien ! », dit Xiao Meng, une fonctionnaire de 26 ans qui vient de se marier. « Maintenant je pourrai décider en fonction de ma situation personnelle, professionnelle et familiale si je vais avoir un ou deux enfants », ajoute-t-elle. Toutefois, cette décision du gouvernement chinois soulève des inquiétudes dans les autres pays du monde.
Selon Yong Cai, professeur à l’université de Caroline du Nord et expert sur la politique de l’enfant unique « Cette décision arrive dix ans trop tard, mais mieux vaut tard que jamais ». Il faudra plusieurs années avant que la population active augmente. Aussi, il y a de fortes chances que cela ne bénéficie qu’aux familles aisées, qui pourront se permettre d’élever un second enfant. La majorité des familles chinoises risquent alors de poursuivre la politique de l’enfant unique, non seulement à cause du conditionnement social auquel ils étaient contraints jusque-là, mais aussi en raison du coût de la vie. La pression subie par les familles chinoises au sein d’une société très compétitive est encore un autre obstacle. La réforme de 2013 avait déjà eu des résultats décevants pour le gouvernement, puisque sur les 11 millions de couples qui auraient pu potentiellement bénéficier de l’assouplissement de la loi, seuls 1,5 millions avaient demandé la permission d’avoir un second enfant.
Ce qui est aussi en jeu, ce sont des changements sociaux et politiques : la fin de la politique de l’enfant unique améliore l’image du Parti ; elle vise à améliorer la démographie du pays, mais c’est sur le plan humain que l’effet est le plus retentissant, car cette réforme offre aux couples le choix d’avoir un deuxième enfant. Toutefois, pour que le changement démographique escompté ait lieu, le Gouvernement n’aura sans doute pas d’autre choix que d’accompagner cette réforme de mesures comprenant plus de fonds publics pour l’éducation et plus d’aides financières aux familles. Le Parti a néanmoins déjà fait preuve d’innovation, puisqu’il a procédé, au terme de ces quatre jours de réunion, à l’exclusion de 10 de ses membres accusés de corruption, infractions et abus.
La situation est critique pour beaucoup de jeunes parents tous deux enfants uniques, puisqu’ils doivent subvenir aux besoins de leurs quatre parents âgés et de leur enfant. Zhang Wei, mère d’une petite fille, pense que « le changement de politique permettra d’alléger cette charge ». Maya Wang, de l’ONG Human Rights Watch, regrette néanmoins que cette décision ait été adoptée pour des raisons « essentiellement économiques », qui ne prennent pas en compte les droits de reproduction des femmes. Espérons alors que cette décision marque le début des réformes chinoises, vers un plus grand respect des droits de l’Homme.
Sources :
Articles
http://www.elcorreo.com/bizkaia/internacional/asia/201510/29/china-pone-politica-hijo-20151029120844-rc.html
http://www.elmundo.es/internacional/2015/10/29/5631febf46163f27348b4645.html
http://www.elperiodico.com/es/noticias/opinion/china-pone-fin-politica-del-hijo-unico-4630219
http://www.eluniverso.com/noticias/2015/10/29/nota/5212445/china-pone-fin-politica-hijo-unico-permitira-tener-dos-pareja
Vidéo
http://www.rtve.es/alacarta/videos/telediario/china-pone-fin-controvertida-politica-del-hijo-unico/3339813/