La fin d’un règne
Antoine Bourgade et Thomas Laissy
Après 38 ans au pouvoir, Juan Carlos Ier, roi d’Espagne, décide
d’abdiquer laissant sa place à son fils Felipe.
Juan Carlos et Felipe VI saluant l'armée
Le 2 juin dernier, après 38 ans de règne, le roi Juan Carlos Ier annonçait sa décision d’abdiquer. Dès le 18 juin, la loi autorisant son abdication apparaissait dans le bulletin officiel espagnol. Plus tard dans la journée, il fit une déclaration orale depuis la salle des Colonnes du Palais Royal à Madrid. Son abdication ne fut effective qu’à partir du 19 juin.
Cette décision n’a pas été prise sans raison. Une des premières raisons est peut-être la baisse de popularité du monarque. En effet, il a été mêlé à plusieurs scandales comme la partie de chasse au Botswana en avril 2012. Ces scandales peuvent, à eux seuls, être une raison de son départ. De plus, après les mises en examen de sa fille Cristina et de son gendre, Iñaki Urdangarín, pour détournements de fonds, la famille royale avait vu sa crédibilité diminuer. Enfin, le roi avait, ces dernières années, subi plusieurs opérations chirurgicales qui montraient un affaiblissement de sa santé.
Le lendemain, le 19 juin 2014, son fils Felipe lui succédait, alors âgé de 46 ans, et devenait Felipe VI roi d’Espagne, lors d’une cérémonie protocolaire au Palais de las Cortes, siège du congrès des députés. Une certaine austérité a été observée lors du couronnement qui s’est déroulé sans messe ni délégations étrangères. Pour montrer qu’il laissait entièrement la place à son fils, Juan Carlos n’a pas souhaité assister à cette cérémonie.
Depuis son enfance, le nouveau roi, Felipe VI, a été préparé à ce moment. Ainsi, Juan Carlos a annoncé que, pour lui, son fils “incarnait la stabilité qui est la marque d’identité de l’institution monarchique” et que ce changement permettrait “un renouveau, tout en ouvrant une nouvelle étape d'espérance".
Cependant, conformément à la Constitution espagnole votée en 1978, le roi n’a pas de pouvoir politique mais représente l’unité de la nation. De plus, Felipe VI hérite d’une monarchie en pleines turbulences. En effet, 62% des espagnols sont en faveur d’un référendum et seulement 49% sont favorables à une monarchie, d’après le journal El País du 8 juin 2014.
Ainsi, au cours de son règne, Felipe VI devra donner envie aux espagnols de vivre ensemble. Pour cela, il lui faudra aborder des thèmes sensibles actuellement, comme le chômage et l'autonomie de la Catalogne. Il a d’ailleurs effectué un discours à Gérone le 26 juin 2014 afin d’apaiser les catalans. Felipe devra donc, dans les prochains mois, montrer que la monarchie garde sa place en Espagne.
Les voix contre les monarchies se font d’ailleurs aussi entendre dans plusieurs pays d’Europe, comme en Suède et au Royaume-Uni. Et si le nouveau roi arrive à rendre celle-ci plus légitime en Espagne, cela renforcera peut-être le pouvoir des autres monarques.
Sources :